HISTOIRE

Montfort, genèse du village au fil de l’histoire de la Provincia.

 

 

Sans entrer dans les détails afin de ne pas ennuyer le lecteur dès le début, nous ne reviendrons pas ici aux époques « mégalithiques ». Si ce domaine vous intéresse il faut vous reporter au livre de Monsieur Eric Kalmar Pierres mystérieuses du Var qui date peut-être un peu aujourd’hui, car il a été achevé d’être imprimé en juin 1975, mais qui reste un document des plus intéressants. Voir également le début du livre de Mr J. Seillé dans lequel ma mère Y. Emond, a modestement collaboré en apportant la photographie de La Pierre de Robernier  (2500 av J.C ?). On peut citer également le site de la Baume, appelé curieusement par les gens du pays Le trou du Renard, où J.M. Michel indique qu’il y a été signalé du silex et de la céramique modelée, mais sans que l’on puisse être assuré de cette information. Pour tenter un survol de cette genèse je me suis largement appuyé sur les études de Messieurs J. Seillé (J.S), J.M Michel (J.M.M), M. Borréani (M.B), et bien sûr G.d. Jerphanion (G.d.J), vérificateur de mes hypothèses pour ce qui à trait à la partie médiévale de ce texte. Je compte d’ailleurs sur ces spécialistes en la matière, J.M Michel et M. Borréani archéologues, et G. de Jerphanion historien  pour corriger mes erreurs…, ce blog étant interactif je pense que mes oreilles vont être largement sollicitées par leurs critiques…, j’espère qu’ils me pardonneront et que, suite à leur lecture je ne deviendrai pas sourd… !

 

J’ai opté de commencer le survol de cette histoire avec l’arrivée des Grecs sur nos côtes méditerranéennes. Voir le découpage des séquences historiques en note *(1).

Vers 600 av J.C Massalia (Marseille) est créée par les Grecs de Phocée (Turquie), avec l’appuis des romains. Plus tard, au 4ème siècle av J.C des comptoirs maritimes seront mis en place à Nikai (Nice), Antipolis (Antibes), Olbia (Hyères), Fréjus, Toulon, Agde, afin de commercer avec les autochtones.

Les Grecs n’avaient aucune volonté belliqueuse mais, en commerçants avisés, vouaient un vif  intérêt pour le commerce, ce qui bouleversa quelque peu la vie économique et sociale des populations locales de l’arrière pays provençal par le développement d’une forte activité d’échanges. Ils pénétrèrent à l’intérieur de notre région en passant  par les vallées de l’Arc, de l’Huveaune et de l’Argens. Notre région était alors peuplée par des tribus (environ une douzaine) qui, au fil des siècles vont se mélanger aux Celtes et aux Ligures. J.M.M nous donne quelques noms de ces peuplades, connues grâce aux auteurs anciens Strabon et Pline, les Camactulici sur la côte de Hyères à la Ciota, les Tritoli dans la partie nord-ouest du Var, les Verucini et les Svelteri de la côte à l’est de Hyères jusqu’au Verdon.  Contrairement à ce que l’on dit sur ces peuplades traitées souvent vulgairement de barbares, elles étaient en fait très bien organisées, n’ayant pas de véritable unité politique, mais possédant des villes ou régions parfois importantes ayant à leur tête des familles de notables issues de l’aristocratie foncière, liées entre elles par une même lignée, voir note *( 2), et des lieux de culte où ils vénéraient leur divinités, voir note *(3).

Cet ensemble de tribus était bordé au nord par des tribus Celtes, à l’est par différentes tribus Ligures jusqu’à la rivière la Siagne, et à l’ouest l’Espagne peuplée de tribus Ibères, excepté sa partie sud sous domination Carthaginoise depuis 237 av J.C. … Les Ligures résistèrent aux tentatives d’invasion Ibères à l’ouest. Les Celtes étaient des fabricants d’armes, de broches, d’agrafes, de colliers, de poteries, de tonneaux, de lampes à huile, d’instruments agricoles, de vêtements…etc, qu’ils exportaient jusqu’en Bretagne et sur les côtes d’Afrique, et, contrairement aux relations âpres qu’ils entretenaient avec les Ibères, ont vécu en harmonie avec les Ligures qui travaillaient l’or, l’argent, le cuivre et le fer. Au fil des échanges commerciaux avec les ports méditerranéens, des interactions sociales, culturelles et économiques, Celtes et Ligures finirent par créer un peuple appelé communément Celto-Ligure composé toujours cependant de diverses tribus indépendantes. A l’âge du fer (7ème -1er siècle av J.C), cette population vivait dans de petites maisons, le plus souvent rectangulaires, faites de bois et de torchis, endroits clos mais sans installations défensives particulières. Cet habitat s’est développé autour et à l’intérieur de ce que l’on appelle un oppidum. Suivant leur importance, ces oppida, outre leur fonction de défense, pouvaient servir de  dépôt pour du matériel utile, de stockage de denrées non périssables. Ils avaient également des fonctions en quelque sorte d’oppida-marchés de part leur activité commerciale intense avec les régions limitrophes, de lieu de rassemblement pour les foires, les marchés, où se concentrait l’activité artisanale, politique et parfois religieuse. Ces Oppida deviennent alors des lieux d’échange régional et extra régional.  Les fouilles archéologiques montrent un mélange de matériel à la fois régional et Grec.

Puis vient le temps des Guerres Puniques qui se résume en trois guerres entre les Romains et les Carthaginois entre 264 av J.C et 146 av J.C. Voir note *(4). Suite à la prise de Carthage par Scipion, Rome devint la plus grande puissance méditerranéenne, en tenant l’Afrique du nord et bientôt les côtes provençales grâce à la présence de leur allié Grec à Marseille. En effet, aux 2ème et 1er siècle av J.C de puissantes oppida étaient déjà largement présents sur notre sol autour de Marseille, à Allauch, Bouc-bel-Air, Graveson, Istres, Martigues. Puis, quelques tribus Celto-Ligures commencèrent à vouloir chercher querelle aux Grecs pour des raisons économiques et stratégiques. La puissance acquise par les oppida et certains de leur emplacement sur les routes commerciales aux portes de Marseille inquiéta les Grecs, tant et si bien que ces derniers firent appel à Rome pour les aider à mettre fin aux pillages. Ce fut alors le début de  l’ère de La Pax Romana (- 27 av J.C à 180 ap J.C), voir note *(5).

La région qui englobe les villages de Carcès, Montfort, Cotignac et Correns, porte encore la trace de ces oppida entre le 1er siècle et le 4ème siècle de notre ère. Monsieur Jacques Seillé nous en indique quelques unes qui cernent la plaine de Montfort « au dessus du Vaillet qui garde le couloir de l’Argens vers Correns, le Castellas au dessus de Nestuby qui surveille le passage vers Cotignac, celui de l’aire des masques au dessus du barrage de Carcès, ceux du Basson et Gayassu au dessus de Correns, et celui du Bessillon qui domine l’ensemble de la région ». Dans les années 1960, Monsieur Jacques Seillé met en évidence l’oppidum de Montfort qu’il mentionnera par la suite en 1988 dans son ouvrage sur L’Histoire de Montfort. Cette information fut relayée à l’époque par Monsieur Paul Lombard, professeur d’histoire, dans le journal Le Méridional. Cet oppidum est positionné sur une colline appelée aujourd’hui Castéou Rignaou, ou Castéou-Rinaou voir Castèu Rignau (Abbé Mourgues). Cet oppidum « Montfortais » a dû avoir au fil des temps plusieurs phases de construction tout d’abord en bois puis en pierre.

Dans tout l’arrière pays provençal, autour de ces oppida il n’y avait pas de villages à proprement parlé, mais un habitat dispersé. Il devait s’étendre sur les collines environnantes, le plus souvent non loin d’une source pérenne, car l’eau est fondamentale pour que la vie s’y développe.  Sur le terroir de Montfort on trouve nombre de sources pérennes où de réservoirs (Les Lombardes, La fouant de Luire, La fouant Petite, La fouant Vieille, L’Iscle, Les Gravières, Les Lones, La Grone, Les Prat nàv,  Les Paluds, L’Aréna, Les Praderies, Le Gravat). Faute de fouilles archéologiques systématiques on ne peut affirmer à partir de quel moment ces sources ont été incluses dans un habitat.

Toutes ces collines étaient alors exploitées et les habitants vivaient essentiellement sur une base d’agro-pastoralisme (vignes, oliviers, blé, orge, avoine, moutons, chèvres…etc.), sans oublier la chasse (lièvres, sangliers, chevreuils, bouquetins…), la pêche et,  au 1er siècle, l’élevage des porcs. Il nous faut mentionner également l’exploitation forestière, le bois, la poix pour les colmatages, l’utilisation des fours à chaux pour la construction. Il y avait des voies de communication plus ou moins importantes selon le volume des échanges entre oppida ou vers les ports. Souvent les voyageurs et commerçants devaient passer par des oppida-relais sur les grands axes de communication, où ils devaient négocier leur passage avec fourniture d’une escorte, de guides, de bêtes de somme du pays qui, seules s’aventuraient dans les zones dangereuses… Le commerce était intense. D’un pays à l’autre circulaient  l’étain de Toscane, l’ambre de Sisteron, le fer de l’Etrurie où de l’île d’Elbe, des objets métalliques ou en terre cuite, certaines productions locales sont exportées (vin, huile d’olive, céréales, aromates), par les ports méditerranéens notamment en ce qui nous concerne à partir de  Massalia (Marseille). De la côte provenaient essentiellement le sel et le poisson salé (conservé dans la saumure)… Les intérêts des habitants côtiers s’harmonisaient avec ceux des campagnes fertiles. Les paiements se faisaient par échange, où avec une monnaie confectionnée avec de l’argent mêlé de cuivre et d’étain voir du plomb, voir note *(6).

Chez nous les relations entre « voisins » se faisaient par les ponts sur l’Argens et permettaient de relier les villae d’Ascau et du Vaillet de Correns aux Espéluques de Montfort, à Saint-Jean (de Dodon) et Saint-Etienne-du-clocher dans la plaine de Carcès et à Saint Georges à Le Val, J.M.M.

Puis, les modes de fonctionnement de ces populations et les systèmes de circulation vers les ports en bordure de mer, par la force des choses s’améliorèrent progressivement.

Après la conquête romaine, à compter du 1er siècle de notre ère, les oppida furent peu à peu abandonnés sur le plan économique, mais certains conservèrent leur rôle de vigie. Le nouveau modèle urbanistique romain va s’installer progressivement au profit de villae, où l’on verra fleurir nombre d’agglomérations de plaine et d’établissements ruraux de plus ou moins grande taille. Les habitats de hauteur furent délaissés, au profit des basses terres de la vallée de l’Argens plus fertiles, vigne, olivier, céréales (orge, épeautre, seigle, blé…), agrumes et autres produits de consommation courante, fruits, légumes. L’élevage se diversifie, les animaux sont élevés à la fois pour la viande et les laitages…

Ainsi, comme dans tout le monde romain, les ruraux vont s’organiser autour de ces villae, véritables domaines structurés regroupant les habitations des propriétaires, de la main d’œuvre, les bâtiments d’exploitation et les fabriques artisanales. Il devait y avoir des pressoirs pour l’huile et le vin, des celliers, greniers, étables (porcs, chèvres), écuries, volières, ateliers de réparation, de céramique, un artisanat de l’os et de la corne, les fours à chaux, etc… Ces villae étaient dirigées par des maîtres de maison qui en confiaient l’administration et le bon fonctionnement à un intendant. Souvent le propriétaire d’une villa était un colon romain démobilisé auquel on a attribué des terres à exploiter, la plupart du temps en friche, mais sur des terrains que l’on savait cultivables. Les paysans locaux indépendants, s’installaient autour de ces propriétaires romains voir à leur solde, car ces derniers exploitaient des domaines plutôt vastes et avaient grand besoin de main-d’œuvre agricole.

Les modes de construction de l’habitat traditionnel changent, du bois et torchis on passe à la pierre, le charpentier s’efface peu à peu derrière le maçon, les fermes en terre et en bois sont abandonnées et réservées à des fonctions utilitaires.

Certain lieux-dits sur le territoire de Montfort peuvent laisser supposer qu’il y avait là des carrières pour extraire et travailler la pierre, comme le grand et le petit Caire, lieux où l’on pratiquait la taille de la pierre, des lieux où l’on extrayait la pierre à chaux pour lier les maçonneries comme  la Gipière, carrière de gypse, voir d’autres lieux comme les Gravières, les Roucas, les Clapouires, où l’on trouvait d’autres types de matériaux de construction, sable, graviers etc…

Souvent d’anciennes implantations exploitées antérieurement sont réactivées comme celles de Correns mise en évidence par J.M Michel, les villae  Ascau et Béouvé exploitées vers la fin du 1er siècle ap J.C, mais sur des sites déjà en fonction au 3ème siècle av J.C, fin du 1er siècle av J.C. J.M.M nous apprend également qu’au 1er et 2ème siècle, de petits établissements ruraux ont évolués en villae. Il a mis en évidence 5 petits établissements : Le Vaillet, Réal-Martin, Miraval, Les Aspras, Palière.  La villa Ascau était pourvue de thermes, d’un réseau d’assainissement, de peintures murales et de placages de marbre. On y trouve des ateliers de tissage, harnachement d’animaux, mais l’activité dominante devait concerner les productions oléicoles et vinicoles, et le broyage des olives avec des machineries modernes. Il est possible que les autochtones portaient leur production à faire broyer à la villa qui avait le matériel. Les excédents des productions devaient assurer à son possédant des revenus substantiels. 

A Montfort, une Villa romaine importante est signalé au lieu dit Les Spéluques mise en évidence sous ce qui sera un futur prieuré.  Cette villa des Spéluques avait des liens étroits avec une autre villa sise sur les hauts de Cotignac découverte récemment sous la chapelle du prieuré de Saint Martin. Outre le système routier qui devait relier les deux sites et leurs villae, un aqueduc emmenait l’eau de Saint Martin de Cotignac (quartier riche en sources) jusqu’aux Spéluques et même au-delà, dans la plaine de l’Argens. Des restes archéologique de cette construction  monumentale sont encore visibles sur deux quartiers l’un du côté de Saint Joseph dit les Brouadettes l’autre dit Cadeton-Les muscatelles (largement remanié), au sud du prieuré des Spéluques. Celui de Saint Joseph-Les Brouadettes est décrit par Messieurs Brun (en 1999) et J.J.M (en 2012) : Mur aqueduc d’époque romaine traversant un vallon, d’une longueur de 25 mètres environ, d’une hauteur de 1,15 mètres et largeur d’1,5 mètre. Les quelques restes de cet aqueduc entre Cotignac et Montfort ont tous des noms de « pont démolis » Pouont-fra (détruit), pouont-fraché (fracturé), pouont-rout (rompu).

Il est donc probable que dans cette zone des systèmes d’irrigation permettaient la culture de terres du côté des Saintes Vierges actuelles, ou de Castel lamar. La construction de cette installation hydraulique est un bel exemple d’une romanisation à travers une importation technique. Cette villa de Cotignac tout comme celle des Spéluques devait être divisée en deux parties : la pars urbana, résidentielle ; la pars rustica dévouée aux activités rurales (dans le cas de la villa de Saint Martin à Cotignac, le sol du bassin des thermes constitue un élément de la pars urbana de la villa. Les autres éléments et la pars rustica n’ont pas été retrouvés à ce jour). L’habitat autochtone de l’époque se trouvait sur ce plateau autour de cette dernière et, outre les cultures il devait y avoir nombre d’échoppes d’artisans. Ces deux grandes maisons de campagne ont du être tenues par des personnages avec une position sociale importante car luxueusement équipées, la présence de bains mis en évidence lors des fouilles sous l’abside de la chapelle Saint Martin en atteste. En ce qui concerne les Spéluques, il aurait été trouvé dans les jardins du futur couvent, au sud de la tour, de nombreux fûts de colonnes en granit bleu ou en marbre blanc, des fragments de chapiteaux finement sculptés que l’on attribue à la présence d’un temple, d’où déjà à l’époque un lieu de culte, voir note *(7). La description de ce matériel trouvé là, indique sans aucun doute un signe extérieur de richesse et l’importance du lieu, tout comme la villa d’Ascau  à Correns (thermes, réseau d’assainissement, peintures murales, placages de marbre).

Un inventaire des sites archéologiques répertoriés pour les périodes concernées et attestés par Messieurs Bérato, Brun, Seillé et J.J.Michel, outre Castel rignaou, les Christaou, les Spéluques et l’aqueduc indiquent : Le Vallon de Robernier (Tégulae, imbrices, sigilées, commune, dolium - Age du fer, époque romaine), Robernier (Tégulae, imbrices, sigilées - Epoque romaine, Antiquité tardive), Les Saintes Vierges (Tégulae, imbrices, commune, dolium - Epoque romaine), le clos d’Agon (Possible tumulus date ?), Le Claoul de l’Eglise (Tombes sous tuile d’époque romaine), la Source des Lombards (époque romaine), Les Cannebières (Sanctuaire de hauteur - âge du fer, Bas-Empire romain), Les Pradariés (culée d’un pont d’époque romaine, en rive gauche de l’Argens), Camp Fégou (Tégulae, meule en basalte, céramique à pâte grise - Epoque romaine)…. 

En résumé, durant ces siècles d’occupation, les romains ont eu l’intelligence d’intégrer les élites celto-ligures à la citoyenneté romaine, ce qui a permis à ces peuplades d’assimiler leur système politique et social. Ils se sont laissé intégrer d’autant plus facilement que les romains tout en prenant en charge leur sécurité contre le versement d’impôts, faisaient dans le même temps miroiter aux élites Celtes une promotion sociale. C’est ce que l’on va appeler la civilisation Gallo-romaine, sorte d’assimilation culturelle entre deux civilisations.

 

Sur le plan religieux, l’empereur réformateur romain Constantin 1er (272-337 ap JC) établira la liberté de culte individuel et mettra fin aux persécutions des Chrétiens. Ses réformes vont largement favoriser l’essor du Christianisme, voir note *( 8). Cependant vers la fin du IIIème siècle et au Vème siècle, l’empire romain commence à s’effriter. Rome n’a plus de titulaire sur place à partir de 476, mais nombre de romains, propriétaires ou non, resteront sur place et seront intégrés au pouvoir politique et économique à travers l’ensemble de propriétés terriennes gigantesques qu’ils possédaient avec leur défense et leur économie locale. Comme nous allons le voir, ce système économico-politique sera pérennisé par le roi Ostrogoth Théodoric le Grand.

En effet, au début du 5ème siècle vont commencer les coups de buttoirs des invasions dans le cadre des guerres entre Francs, voir note *(9).

Cette période s’étend de 473 à 511, La Provence passera alors sous tutelle ostrogoth, avec à leur tête Théodoric le Grand, voir note *(10). Elle va ainsi bénéficier d’une période de tranquillité jusqu’au milieu des années 530 : la pax ostrogothica.

En ce qui concerne nos intérêts dans l’arrière-pays provençal, nombre de romains possédants restèrent de façon permanente et furent intégrés au pouvoir ostrogoth. Ils étaient devenus « goths de cœur », chargés des travaux de construction, de maintenance et de fonctionnement des garnisons dans les villes et les places fortes. Certains militaires romains devinrent propriétaires mais furent obligés de verser l’impôt attaché. Nous ne savons pas pour l’heure ce que sont devenues dans ce temps nos deux villae romaines de Saint Martin à Cotignac et des Spéluques à Montfort. Peut-être appartiennent t’elles maintenant à des notables locaux goths-romanisés ?

Vers 536, la Provence passe aux mains des Francs, Clotaire devient souverain de Provence, voir note *(11).

Mais un nouveau danger apparaît au sud de la Provence avec l’arrivée des musulmans (origine réelle Arabie Saoudite ?), qui viennent de conquérir l’Afrique du nord, voir note *(12). Ils seront chassés par Pépin le Bref (père de Charlemagne et fils de Charles Martel). A la mort de son père en 741, il héritera de la Provence.

Cependant les sources arabes et chrétiennes mentionnent l’existence d’établissements fortifiés peuplé d’Arabo-berbères comme à la Garde-Freinet (Fraxinet) au Xème siècle, mais ce ne serait là qu’une place d’où partaient des raids dans l’arrière pays, cette période durera 80 ans entre 890 et 973. C’est à cette date que Guillaume 1er (953-993) dit Le libérateur et son frère Roubaud fils du comte d’Arles Boson II, écrasent les Sarrasins (désignation des musulmans établis au sud de la France) à la bataille de Tourtour (bien que nous n’ayons aucune preuve historique qu’elle ait bien eu lieu là), puis les chassent définitivement de leur base fortifiée en Provence, voir note *(13). Dans la seconde moitié du 10ème siècle la Provence sort donc d’une longue période de conflits politiques pendant laquelle les anciens monastères étaient devenus plus discrets, voir note *(14).  Cependant, la fondation de Montmajour en 954 et l’implantation des moines Clunisiens en Haute Provence marquent le début d’une longue série de restaurations et de fondation de monastères bénédictins avec l’appui des familles aristocratiques. La Provence ecclésiastique est divisée en diocèses qui paraissent reprendre les territoires des anciennes cités romaines, voir note *(15). En ce qui concerne Montfort, l’existence d’une communauté de chanoines à Spéluque est attestée en 1028 par un acte du cartulaire de Correns (Y.C). Cette communauté dessert l’église Sainte-Marie de Spéluque dont on ignore la date de construction. Ce prieuré des Spéluques est bâti en gardant la villa romaine en récupérant probablement quelques structures agricole bâties antérieures, pour assurer la bonne marche du domaine.

Pour les récompenser de l’aide apportée pour libérer la Provence des Sarrasins, Guillaume Le Libérateur donne à ses proches des fractions du territoire. C’est ainsi que Lambert Dodo, fils du juge Renard , originaire des environs d’Avignon et ayant des biens à Châteaurenard, acquière autorité sur la haute vallée de l’Argens, Châteauvert, Correns, Le Val, Carcès, Cabasse, Besse. En 1002, sa femme (Balda) et ses fils cèdent Correns à Montmajour et installeront dans les restes d’anciennes églises un prieuré et feront là leur nécropole, voir notes *(16) et *(17). Dans cette donation sont mentionnées les limites du territoire cédé. La limite Est n’est pas Montfort, mais Cotignac, ce qui laisse penser que le site de l’oppidum n’est pas encore réoccupé. Le toponyme de Montem Fortem n’apparaît qu’au milieu du XIIe siècle lors de confirmations à Pignans. Il faudra attendre 1118 pour que soit mentionné le castrum de Monte forte. Ce qui constitue la première mention de la coexistence de deux pôles distincts d’habitat, appartenant tous deux à la collégiale de Pignans. Le castrum de Monte Forto semble alors correspond au site de Castéou Rignaou qui conserve des éléments médiévaux malgré le fort remaniement opéré par la mise en culture à l'époque moderne. La descente de cet habitat de hauteur vers le noyau initial du village actuel a été abordée précédemment (époque romaine).

Vers 1085, Aldebert Dodo de Châteaurenard fait valoir ses droits sur Spéluque. A cette occasion, cinq chanoines de Spéluque se rendent auprès de l'abbé de Montmajour, Guillaume, et du prieur de Correns, Amalric, afin de soumettre leur communauté avec ses possessions au monastère arlésien. Mais Aldebert Dodo réclame une indemnisation pour sa part, que l'abbé et le prieur se refusent de payer et qu'il doit négocier avec les chanoines de Fréjus. Le "locus" de Spéluque est donné à Montmajour par les chanoines contre le "locus" de Saint Raphaël". C'est à peu près à la même époque que l'abbé Richard de Saint-Victor (Marseille), essaie d'annexer Spéluque, en même temps que Pignans et Barjols, obtenant leur confirmation en 1085 et en 1099 des évêques de Fréjus, Bertrand et Bérenger. Mais en parallèle, entre 1090 et 1106, Montmajour arrive à se faire reconnaître la possession de Spéluque et de Barjols par l'évêque Bérenger. Ces actes montrent qu'à la fin du XIe siècle les collégiales sont sous la juridiction des évêques de Fréjus qui, sollicités par les monastères, finissent par reconnaître des droits aux uns et aux autres, et délivrent des confirmations qui ne prennent jamais effet, et en tout cas ne semblent modifier en rien le statut des communautés. Ainsi, Spéluque ne devient une dépendance ni de Montmajour, comme l'auraient souhaité ses chanoines, ni de Saint-Victor, comme l'avait demandé l'abbé Richard, mais elle finit par être rattachée à la collégiale de Pignans. En 1143, puis en 1152, sont en effet confirmées à Pignans l’église Sainte-Marie de Spéluque et Montfort. En 1188, dans la confirmation par Clément III des biens du prieuré de Pignans, est mentionnée l’ecclesiam sancta Maria de Speluca cum adjancinti villa et cum castro de Monte Forto cum suis pertinentiis. Ce texte nous apprend l’existence d’une villa qui jouxte l’église. En 1188 la villa est donc toujours en place.

D’autre part, il désigne Montfort par le terme castrum alors que précédemment le nom seul de Monfort était cité. Il révèle l’existence de deux sites d’habitat proches, l’un situé en plaine à proximité de l’église Sainte-Marie, l’autre en hauteur et fortifié. Il est donc possible que ce soit durant cette période s’étendant de la fin du 11ème siècle, début du 12ème siècle que les Châteaurenard aient entrepris de moderniser, réorganiser voir de reconstruire une place forte sur l’emplacement de l’ancien oppidum (ou castel primitif). A propos de l’idée de réinvestir l’ancien oppidum on pourrait envisager l’hypothèse que ce soit le frère d’Eldebert, Renouard de Châteaurenard, qui tenait en co-seigneurie une partie des terres Montfortaises, voir déjà Renard de Châteaurenard, juge, décédé vers 965-966, qui aient initiés ces travaux. (B.F.de Bézaure (ancien archiviste de la bibliothèque La Méjanes à Aix-en-Pce), nous apprend que « Le château de Montfort présentait seulement une tour lors de la donation aux Templiers par le comte de Provence »…).  De là viendrait le nom de ce lieu Castéou rignaou. A l’est de ce site s’en trouve un autre sous l’appellation de Christaou, voir note *(18).

Le prieuré des Spéluques, tout comme celui de Saint Martin à Cotignac était muni d’une tour de défense, castrum Spelluca, démolie à Saint Martin  mais encore bien visible aux Spéluques. Outre les Spéluques citadelle chargée des commandes du défilé de l’Argens, protégée par un mur d’enceinte, d’autres lieux indiquent que les habitations étaient défendues par des postes militaires plus ou moins importants. On peut nommer au moins cinq autres lieux Camp-Fegou (tourné vers Correns), Campe-denro (tourné vers Carcès), Castel l’amar et le Camp-Senès (tournés vers cotignac), le Touret (un endroit en hauteur d’où l’on pouvait se faire des signaux et passer des messages de loin en loin).

En 1112, l’Aragonais Raimond-Béranger 1er , comte de Barcelone et de Provence confirme à la famille des Châteaurenard le fief de Montfort, Varage, Correns, Châteauvert, Carcès, Entrecasteaux, Salerne, Lorgues, Besse etc. Y.C nous apprend qu’en 1152, « l’église Saint-Marie des Spéluques est de nouveau mentionnée dans les possessions de Pignans et porte le toponyme de Montfort. L’emploi du toponyme peut alors traduire l’apparition du castrum de Montfort qui aurait été érigé entre 1143 et 1152 », dates qui marqueraient la construction d’un château « neuf » et donc la fin progressive de l’utilisation de l’oppidum et le début de l’installation autour du château des habitants, créant ainsi le village qui prendra alors le nom de Montfort. En contrebas au sud du château sera construite l’église dédiée à Saint Blaise, citée dans la bulle du Pape Eugène III en 1152, qui en fait donation à l’église de Pignan. Cette église à l’intérieur des remparts est donc la première église du village, concurremment à l’église du bourg des Spéluques (ce n’est donc pas une église Templière). Le dernier seigneur du nom fut Guillaume IV qui mourut aux croisades et sa veuve Emerssende vendit alors la baronie en 1170 au comte de Provence Alphonse Béranger 1er d’Aragon qui léguera à son tour le bien à son fils Alphonse II Béranger (marié à Garsende de Sabran en 1193) qui devient comte et marquis de Provence en 1196.

En 1197, Foulques de Pontevès donne aux Templiers de Ruou (commune de Villecroze) tout ce qu'il possède à Montfort et dans la vallée de Carcès. L’acte fut signé dans la maison des tailles de Marseille en présence de l’évêque et de son cousin le vicomte Roncelin. En 1207, Alphonse II comte et marquis de Provence fait donation aux frères de la maison du temple située près de Hyères et à Guillaume Gralhi tous ce qu’il possède dans le territoire comme biens et comme droits dans le castrum de Montfort, plus un droit d’Albergue, les droits de justice, fiefs, pâturages et autres… L’acte fut passé au château du Puy-Sainte-Réparade en présence de l’archevêque d’Aix et de plusieurs frères du Temple, Guillaume de La tour commandeur d’Aix, Pierre d’Alègre, Bertrand de Gardanne, S. Garanos, Hugues Déodat, Hugues Bodon. (Source Marseille. Archives Départementales. 56 H. ancienne côte, 56 H 5282 et B.4, fol 185).

Raimond de Cotignac, voir note *(19), chevalier du Temple, fait donation à l’ordre du Temple, le 30 septembre 1230, dans la ville d’Acre, de tous les biens qu’il possédait de son chef et de celui d’Adélaïde, sa mère, au lieu de Montfort, il était membre de la commanderie de Ruou. Dans les années 1230, sont mentionnés le castrum de Mont Fort et le castrum Spelluca. Une sentence arbitrale, en 1240, délimite le territoire de Correns d’avec celui de Spéluque et de Monfort, associant les deux lieux et les deux populations comme s’il s’agissait d’une seule entité territoriale. Elle confirme à Spéluque l’appartenance de l’écluse et de la prise d’eau qui alimente le moulin de Spéluque. Elle exige du prieur de Correns de les respecter ainsi que le béal, canal allant de l’écluse au moulin. Lors de l’enquête de 1252, les deux habitats sont toujours distingués. Spéluque est désigné par le terme villa, alors que Montfort l’est par celui de bastida. Ce changement de vocable peut laisser entendre que le site de hauteur (ex oppidum), est délaissé au profit d’un élément fortifié, noyau probable de la partie ancienne du village actuel (translation qui a du déjà être engagée comme nous l’avons vu dès le milieu du 12ème siècle).

Dans l’inventaire des biens des Templiers fait en 1308, au moment de la suppression de l’ordre par Philippe le Bel en 1307, la dépendance de Montfort est qualifiée : « domus seu fortalicium », insistant encore sur l’aspect défensif du lieu. Outre cet édifice, ils possèdent un cuvier, une grange avec jardin attenant et plusieurs terres. A côté des quelques objets tenus par les frères, sont entreposés le fruit de leurs récoltes. Le texte donne le nom de quelques quartiers dans lesquels les Templiers possèdent des biens : Sual, Fons Petita, La Figuera, Cortz dell Hugas, Carramagum, Bompierra, Rourebeil et la Condamine. En 1315, Montfort compte 18 feux de queste et Spéluque 13. En janvier 1315, les biens du Temple sont remis à l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Saint Jean de Jérusalem. L’enquête de 1338  permet de connaître l’étendue de leurs possessions à Montfort soit : 68 hectares de terres de plaine au rendement élevé (6 pour 1) et 24 hectares de terres de colline de valeur moyenne, 3 hectares de prés et 2 hectares de vignes. La totalité du castrum leur appartient. Parmi les maisons de l’Ordre de l’Hôpital de Saint-Jean de Jérusalem citées en 1351, celle de Montfort est nommée : domus Templi de Monteforti, conservant le souvenir de son appartenance au Temple. En 1371, on dénombre 15 feux de seigneurie ecclésiastique à Montfort ainsi que 20 à Spéluque , ce qui est étonnant pour un habitat ouvert et dans ces temps d’insécurité. Lors des troubles de la fin du XIVe siècle, ni Montfort, ni Spéluque ne bénéficient d’une diminution de leur contribution fiscale. Au contraire, le commandeur est plusieurs fois mis à contribution pour participer à l’effort de guerre. Ruou ayant été détruit vers 1360, Montfort devient siège de commanderie. Le castrum qui était affermé avec Spéluque 120 florins en 1398, compte 11,5 feux fiscaux deux ans plus tard  alors que Spéluque est déclaré inhabité. En 1411, les enquêteurs de l’Ordre estiment que les murs du bâtiment principal sont en bon état, mais qu’il convient de réparer la toiture. La chapelle Saint-Blaise est « bonne et forte », mais le nécessaire liturgique fait défaut. En 1418, le nombre de feux fiscaux de Montfort tombe à 6, représentant une diminution de 48% du potentiel fiscal par rapport à 1400. En 1471, 23 larem foventes (faisant feu) y sont recensées, Spéluque reste inhabité.

Aujourd’hui, le château (inscrit M.H.) est un grand édifice d’allure Renaissance.   Au sud de l’édifice, la chapelle Saint-Blaise, à nef unique et abside semi-circulaire, est transformée en habitation. Le tracé de l'enceinte du village médiéval est reconnaissable, mais l’enceinte elle-même a été fortement remaniée du fait de son intégration dans le bâti du village moderne. L’élément le mieux conservé est une tour-porte à bossage située à l’est.

Spéluque mentionné inhabité en 1471 l’est toujours en 1518  ce qui n’empêche pas la mention du prieuré parmi les églises relevant de la prévôté de Pignans. Une enquête de 1540 sur les lieux inhabités indique que : « audict Spelluco nya point de maisons ny habitans sinon quelques murailles dirruptes, et une eglise et clastre encore entieres, laquelle eglise ont dict est eglise parochialle dudict lieu de Montfort ; le terroir dudict Spelluco et de Montfort nest que ung terroir, mesme juridiction et un dismarie ». L’enquête précise qu’à Montfort  « compris ung masage nommé Lombarde, il y a 70 maisons ». L’église de Spéluque est toujours l’église paroissiale mais en 1582, lors de la visite pastorale, le représentant de l'évêque ordonne de construire une nouvelle église sur un point plus rapproché du centre des habitations. En 1601, la nouvelle église est en construction  En 1629, le prieuré Notre-Dame de Montfort, soit Spéluque, est transféré à la maison des Pères de l'Oratoire de Notre-Dame de Grâces de Cotignac, transfert officialisé par la Bulle d'Urbain VIII  et effectif l’année suivante. Sur le territoire de la communauté persiste la présence de deux seigneurs, les Hospitaliers, appelés désormais chevaliers de Malte, et les Oratoriens.

La présence de deux coseigneuries n’entame pas l’unité de la communauté qui s’est créée à la suite de la désertion de Spéluque. Bouche écrit en 1664 à propos de « Speluca » et « Monteforti » : "ils sont si proches et si contigus, qu'ils sont maintenant confondus ensemble, faisant un seul cadastre, pour le terroir de tous les deux ; et toutefois ce sont deux fiefs séparés : celuy de Speluque appartient au Prieuré de l'Eglise Parrochiale, qui est maintenant uny, depuis 30 ans à la Chapelle de Nôtre-Dame de Grâce, où sont les Pères de l'Oratoire ; et celuy de Montfort, à la Religion de Malthe. Néanmoins il n'y a qu'un seul Prieur, qui tire le disme de tous les deux".

Le village de Montfort et sa population se sont développés. On compte en 1698  130 maisons, 170 chefs de famille. En 1716, Montfort comporte 192 familles et 743 habitants. La population est en augmentation en 1765 puisqu’on relève 152 maisons, 853 habitants.

Une tradition orale impossible à vérifier raconte que : Lors des guerres de religion, l’ancien mont fortifié du Castéou Rignaou fut entièrement massacré abandonnant définitivement le lieu… Si cette assertion est vraie, elle indique que le site de l’oppidum n’a jamais été entièrement déserté mais occupé par une paysannerie qui y possédait des terres cultivées en restanques…  Mais j’arrête ici cette histoire car le village tel qu’il se présente aujourd’hui est maintenant bien restitué !

Post scriptum

Le village est divisé en quartiers ou lieux-dits, lesquels ont tous un sens qu’il convient d’étudier, car ils donnent souvent des indications précises sur leur fonction et le rôle qu’ils ont joué par rapport au village. J’en ai compté pas loin de 90…, en cours d’étude, voir note*(20).

 

Remarque d’ordre général : Il est fort dommageable que l’urbanisation galopante ne permette plus aux archéologues de faire les investigations préliminaires nécessaires pour parfaire nos connaissances sur le pays. De sévères travaux de terrassement récents sur la colline de Saint-Joseph, faute de fouilles archéologique préalables, ont sûrement détruit de précieuses informations qui, hélas pour nous, sont à jamais perdues… C’est dommageable, car il aurait été important de comprendre mieux l’organisation spatiale du territoire suite à la venue des Grecs puis des romains qui va conduire à une profonde transformation des habitats, des systèmes de circulation et d’exploitation des terres et profondément bouleverser la vie des autochtones… Ces travaux intempestifs toujours exécutés dans la précipitation sont d’autant plus dommageables qu’énormément de matériel archéologique, comme nous l’avons vu, avait été retrouvé dans la plaine et dans les collines environnantes, « céramiques dites campanienne, des débris de dolia, des fragments de meules, et de tuiles gallo-romaines, et nombre de céramiques allant du 2ème siècle av J.C jusqu’au 5ème siècle ap. JC et même au-delà »…conf J. Seillé.

 

Notes 

 

*(1) L’âge du fer : 7ème siècle jusqu’à la fin du 1er siècle avant J.C.

1er âge du fer : Age du fer 7ème – 4ème siècle av J.C.

2ème âge du fer : 3ème – fin du 1er siècle av J.C.

Haut Empire et Bas Empire : 27 av J.C –  4ème siècle après J.C

L’Antiquité tardive : 5ème siècle – 7ème siècle ap JC *( ?)

Le Haut Moyen-Âge : 8ème siècle 10ème siècle *( ?).

L’Epoque médiévale : 11ème siècle – 14ème siècle

L’Epoque moderne : 15ème siècle (jusqu’à, en ce qui nous concerne, l’installation de l’Ordre de Malte à Montfort, à la suite des Hospitaliers qui succèdent aux Templiers présents dès la fin du XIIe siècle).

*( 2) Des dirigeants nobles sont à la tête de tribus qui se mettent à leur service contre protection et subsistance. Cette plèbe rassemble des hommes libres, de toute condition, qui doivent accourir au moindre appel, notamment en cas de conflit armé. Seuls les aristocrates possèdent une monture. Ces hommes ont la réputation d’être les meilleurs cavaliers du monde antique. Si l’armée de métier n’existe pas, de petites garnisons affectées à la surveillance des personnes et des marchandises sont stationnées sur les grands oppida. Les esclaves, interdits de guerre sont, comme dans toutes les civilisations antiques, privés de tout droit. Ils peuvent être vendus, échangés, affranchis. Les mariages sont l’occasion d’établir des alliances familiales. Maris et femmes ont une communauté de biens. Les tribus puissantes ont constitué des Etats et créé une véritable administration. Etat-civil, perception, recensements des terrains, conservation des testaments, mais aussi commerce et frappe monétaire donnent lieu à des archives.

*( 3) Divinités néolithiques/préceltiques : Le substrat religieux préceltique se retrouve dans la pratique d'un animisme localement vivace chez les gaulois, qui associe, par exemple, une déesse à une rivière ou à une source. On trouve ainsi Abnoba et Arduina, déesses de la forêt, Damona, Dunisia, Niskae, Ilixo, Lugovius, Ivaos, Moritasgus, Nemausus, Arausio, Vasio, divinités des sources.

Dieux et Déesses Celtiques : Toutatis dieu du ciel, Taranis dieu solaire et le dieu céleste. Ses attributs indiquent qu'il est en outre dieu du tonnerre, dieu de la guerre, dieu du feu, dieu des morts, mais aussi dieu du ciel. Ésus est un dieu artisan, dieu des voyages, protecteur des commerçants, défricheur de forêts et charpentier. Lug inventeur et praticien de tous les arts. Sucellos est un dieu au maillet (qui tue et ressuscite) et au tonnelet (symbole de prospérité), Dieu des forêts et de l'agriculture.

Cernunnos est un dieu-cerf, vraisemblablement le grand dieu primordial, dieu de la nature et des forêts, dieu de la fertilité, il est aussi le dieu solaire qui forme avec la déesse Dana (la déesse mère, la lune) le couple qui donna vie à toutes les divinités celtes, Épona (du gaulois epos : cheval) est la protectrice des chevaux, Damona, est la déesse des sources, Taranis symbole de la roue solaire, Borvo est le dieu du feu souterrain et des sources bouillonnantes, Ogmios est assimilé par les Romains à Hercule, Belisama (la très brillante) est la principale divinité féminine, divinité du feu, Maponos est le dieu de la force et de la vigueur, Nissyen et Evnissyen sont des dieux jumeaux.

Lors de leur installation, les peuples celto-ligures découvrent une source sise dans les Alpilles près de Saint-Remy. Persuadés des bienfaits de cette eau guérisseuse, ils baptisent le Dieu de la source «Glan» et nomment leur village fortifié Glanon, qui deviendra Glanum à l’époque romaine. Ce dieu  avec d’autres sera frappé sur les monnaies. En même temps que le dieu Glan sont révérées, comme souvent dans le monde celte, des déesses-mères auxiliaires ; ce sont les mères Glaniques, qui ajoutent à la physionomie sans doute un peu altière de Glan un élément féminin.

*(4) Chacun voulait être maître de la Sicile. En 264 les romains débarquent sur l’île pour venir en aide à la ville de Messine assiégée par le roi de Syracuse, en fait dans l’espoir de s’emparer de l’intégralité de ce territoire qui appartenait à Carthage.  En 241 Rome vaincra, et les Carthaginois devront céder la Sicile et la Sardaigne. Hannibal, général Carthaginois en 219 av J.C s’empare de Sagonte ville espagnole située dans son domaine ibérique, mais liée à Rome par un traité. Puis avec l’appui de la péninsule Ibérique qui lui fournissait hommes, blé et or, il passe les Pyrénées, traverse la Gaule avec la complicité des Celtes, les Alpes, et pénètre en Italie. Le Sénat romain entre temps, sous la conduite du consul Fabius avait déclaré la guerre à la cité africaine. Après quelques victoires dont celle de Capoue il se trouve en 211 av J.C sous les murs de Rome. Mais Hannibal n’avait pas de troupes entraînées à assiéger une ville et les romains adoptèrent une stratégie de guérilla (harcèlement, embuscades, coup de main), tactique qui permit de repousser Hannibal vers l’Italie du sud où il y créa un Etat punique. L’extraordinaire potentiel démographique de l’Italie va permettre à Rome de dégager son territoire, ils s’emparent de Syracuse et de Carthagène. Hannibal doit revenir d’urgence à Carthage car le général romain Scipion à débarqué en Afrique du nord. Il sera défait à la bataille de Zama en 202 av J.C. Carthage qui a cédé l’Espagne devient un vassal de Rome, mais parvient peu à peu à retrouver son éclat économique, et peut à nouveau représenter un danger pour Rome. Scipion fera le siège de la ville de Carthage durant trois années et ce ne sera qu’en 146 av J.C qu’il parvient à forcer les portes de la cité et finira par raser la ville.

 

*(5) En 154 av JC, il y avait déjà eu une première incursion romaine au-delà des Alpes contre les ligures près d’Antibes, mais c’est en 125-121 av JC, que prennent forme de vastes opérations militaires romaines en gaule pour défendre Massilia face à ses voisins. C’est le début de l’occupation romaine avec la guerre des Gaules, et une importante garnison romaine sera installée à Aquae Sextiae (Aix).

A la fin de chacune de ces périodes de guerre Rome impose des paix sous forme de traités à ses ennemis vaincus. Tous les territoires annexés, dont la Provence, vont alors connaître une période de prospérité durant laquelle Rome ne connu ni guerre ni invasion majeure, si ce n’est à la périphérie de ces mêmes territoires conquis où là, les répressions seront sévères (les peuples germaniques et parthes au nord Est de l’Iran). Ce moment est connu sous le nom de Pax romana. Elle va permettre une ère plus sereine et de grande stabilité s’accompagnant du développement des infrastructures, des ports et voies pour assurer une meilleure économie à l’Empire. On s’accorde à dire que cette période s’étend de – 27 av J.C jusqu’en 180 ap J.C (mort de l’empereur Marc Aurèle). 

*( 6) À l’origine de la monnaie frappée en Provence, la cité grecque de Massalia. Elle va émettre un imposant monnayage à partir de la fin du VIe siècle jusqu’au milieu du Ier siècle av J.-C. En dehors de l’existence d’un monnayage archaïque local, qui ne durera pas et que l’on qualifie de “gréco-provençal”, la production massaliète va s’imposer quasi unilatéralement dans le milieu indigène du Sud-Est pendant quelques siècles. Ce n’est qu’à partir du IIe siècle, malgré des tentatives plus précoces, que vont apparaître des séries d’imitations locales mélangées à des frappes “exogènes” d’origine gauloise, ibère ou autres. À partir de la création de la Provincia, de nouveaux monnayages plus ou moins indépendants vont apparaître sur ce secteur. L’influence de Massalia sur ces séries restera cependant sensible jusqu’à sa chute en 49 av. J.-C. Au sein de la Gaule du sud-est, un certain nombre d’entités commencent à émettre leur propre numéraire. L’une des premières fut probablement la Glanon gallo-grecque qui va émettre à la fin du IIe siècle une drachme et une obole à son nom. A compter du 1er siècle. À cette époque, de nombreux roitelets ou ethnies vivant dans l’orbite
massaliète, voire au-delà, vont émettre des séries en y adjoignant parfois
leur nom en gallo-grec puis peu à peu en latin. La situation est identique
pour l’obole de Marseille qui sera copiée à la même époque par certaines
ethnies salyennes et par d’autres tribus de la transalpine. (Jean-Albert Chevillon)

*(7). Remarque : Ce temple a été découvert dans les jardins du futur couvent au sud de la tour, ainsi que de nombreux fûts de colonnes en granit bleu ou en marbre blanc, des fragments de chapiteaux finement sculptés.

*( 8) J.M.M : En 353, en Arles, sera promulgué un édit interdisant de sacrifier aux divinités païennes. En 391 et 392, Théodose édicte l’interdiction des cultes païens et le fermeture des temples.

*(9) Entrent en scène pour cette période les Burgondes avec Gondebaud (450-516), Chilpéric II (mort en 486), Godomar II, Sigismond (516-524), Godomar III (524-534) ; les Francs avec Clovis (466-511) et ses fils Thierry 1er (vers 485,490-534), Clotaire (498-561), Thibert 1er (496-548) ; les  Ostrogoths avec Théodoric le Grand (455-526), Vitigès (490-542), Théodat  ; et les Wisigoths avec Euric décédé à Arles en 484, Alaric II et Amalaric fils d’Alaric. C’est une période complexe faite d’alliances et de mésalliances au grès des intérêts de chacune des parties, de guerres fratricides, de partage des territoires au fil des mariages et des héritages successifs, voir ( ?).

 

*(10) Le groupe qui pour l’heure me semble le plus important est celui des Ostrogoths (originaires d’Ukraine) qui, après s’être installés dans les Balkans entre 473 et 488, menés par leur roi Théodoric s’établiront en 493 en Italie et feront de Ravenne leur capitale. Ils considéraient la Provence comme un élément majeur entre leur royaume et celui des Francs, l’un et l’autre hégémoniques et dangereusement concurrents. Il leur fallait absolument tenir l’ancienne résidence impériale d’Arles qui était un centre administratif extrêmement important, et la cité de Marseille en tant que port économique et stratégique sur la méditerranée. Théodoric y établit de vastes entrepôts de grains et de munitions pour ses troupes et la construction de nouveaux quais témoignent du dynamisme de la cité car il effectue une répartition des denrées essentielles vers les régions qui en manquaient, il n’hésite pas à faire profiter la Provence des richesses de la péninsule, d’où un trafic intense entre Marseille et les ports Italiens importants jusqu’en Sicile. La ville gallo-romaine d’Arles aux mains des Ostrogoths est prise par Euric roi des Wisigoths en 476. Cela va susciter la convoitise des Francs et des Burgondes car cette ville était prospère et contrôlait le trafic commercial entre l’Europe du nord et la méditerranée. Suite au décès du roi Euric en 484, son fils Alaric II prend possession des terres provençales très vite convoitées par les Francs, lesquels battront les Wisigoths à la bataille de Vouillé (région de Poitiers) en 507 où Alaric perdra la vie dans le combat. Suite au décès d’Alaric le pouvoir wisigoth est en pleine déliquescence. Les Francs et leur allié Burgondes profitent de cette occasion pour tenter d’annexer la Provence et forment une coalition. Commence alors le siège de la ville d’Arles 508-509 qui deviendra Franque. Les campagnes victorieuses des troupes ostrogothiques de 511 permettront de dégager Arles et de reprendre aux Francs un large espace géographique. La ville d’Arles ancienne capitale impériale redevient siège de la préfecture des Gaules, et recouvre ainsi sa suprématie traditionnelle de capitale politique et religieuse avec un personnage important l’évêque Cézaire. Ce dernier fera tout pour contrarier les volontés de contrôle des églises de Gaule du roi catholique Clovis afin de maintenir la prééminence d’Arles au détriment de Paris.

La Provence passe alors sous tutelle ostrogoth. Elle va bénéficier d’une période de tranquillité jusqu’au milieu des années 530 : la pax ostrogothica. Théodoric va renouveler les liens entre la Provence et l’Italie, il rétablira le cadre administratif romain traditionnel en maintenant les structures romaines existantes aussi bien sur le plan économique que politique, mais en les doublant d’un magister officiorum goth pour être sûr que les édits royaux soient bien exécutés selon ses désirs sous la férule de Liberius, Préfet des Gaules, nommé par Théodoric dès 511.

*( 11) Pour mémoire, à la fin du 5ème siècle les Ostrogoths contrôlent la Provence et l’Italie, les Wisigoths l’Aquitaine et l’Espagne, les Burgondes un royaume assez considérable dont les limites sont au nord Langres, au midi Cavaillon, à l’ouest Nevers, et au nord est jusque sur les bords du lac de Constance.

Pour mémoire le roi Franc Mérovée repousse Attila en 451, début de la dynastie mérovingienne avec Clovis, Charles Martel, Thierry IV, puis de 751 à 987 dynastie carolingienne avec Pépin le Bref, Charlemagne, Louis le Pieux, Lothaire, Louis V qui décèdera en 987.

En 533, le pouvoir ostrogothique en grande difficulté commence à négocier la cession de la Provence en échange d’une alliance avec les Francs. En 534 ces derniers annexent la Burgondie. En 536, Vitigès général élu Roi des Ostrogoths en conflit en Italie contre les Byzantins de Justinien 1er et dans l’incapacité de défendre la Provence, pour assurer ses arrières la cède aux Francs, et cette province restera soumise à ces derniers. Clotaire devient souverain de Provence et en 561 la Gaule et la Provence sont partagées entre ses fils (La Provence restera Franque jusqu’au 14ème siècle).

J.M.M : En 561, le découpage de la Provence en trois parties est réalisé par les Francs. Divers partages se produisent au cours du 7ème siècle. Dagobert regroupe l’ensemble de la région autour de son royaume, situation qui se maintiendra sous Pépin-le-Bref à partir de 761.

L’époque carolingienne débute avec l’empire créé par Charlemagne en 814, qui est ensuite partagé entre ses fils en 843, où Lothaire reçoit le territoire qui s’étend des Pays-Bas à la Provence. Et c’est à partir de 879 que se dérouleront les incursions sarrasines, jusqu’à leur écrasement en 972 par les fils du comte Boson, Guillaume et Roubaud, dont le premier deviendra comte de Provence et fera bénéficier ses affidés des biens conquis.

*( 12) Pour le compte du calife de Damas, les troupes composées alors essentiellement d’arabo-berbères (suite à la conquête de l’Afrique du nord) envahissent l’Espagne en 711, puis traversent les Pyrénées et viennent s’établir en Languedoc durant une bonne partie du VIIIème siècle et c’est à Narbonne que ces troupes se fixent durant une quarantaine d’années de 719 à 759 date à laquelle  ils seront chassés par Pépin le Bref (père de Charlemagne et fils de Charles Martel). A la mort de son père en 741, il héritera de la Provence.

*(13) Mais cette campagne militaire contre les Sarrasins va permettre à Guillaume une mise au pas de l’aristocratie locale et des communautés urbaines et paysannes qui avaient jusque là toujours refusé la mutation féodale et le pouvoir central. Guillaume redistribue les terres reconquises à ses vassaux, il arbitre les différents, contrôle le fisc et crée ainsi la féodalité provençale. Mais Guillaume de Jerphanion  m’explique que c’est un peu plus compliqué que cela trop long à expliquer dans mon exposé.

*( 14) Dès la fin de l’Antiquité sont créées les première paroisses baptismales dans les bourgades secondaires des diocèses pour desservir plusieurs habitats. Il faut se remettre dans le contexte d’une société où la foi est profonde, la peur de l’enfer très forte. La vie de chacun se déroule, de la naissance jusqu’à la mort, dans un cadre religieux (baptême, eucharistie, mariage, enterrement). Le clergé encadre les fidèles et surtout s’occupe de l’enseignement ce qui lui assure un contrôle efficace de la vie des fidèles. Elle a le pouvoir d’excommunication sur ceux qui n’acceptent pas ses commandements. Elle est une institution très puissante jouant un rôle économique, social et culturel. A partir du 8ème siècle, on assiste à la multiplication des paroisses rurales ; les oratoires privés fondés dans leur domaine par les laïcs, mais aussi par les évêques et les monastères, sont détenteurs de droits paroissiaux. Les fidèles des campagnes souhaitent trouver là où ils vivent, une église où ils puissent suivre la messe et faire baptiser leurs enfants. C’est l’époque où l’on abandonne les nécropoles de plein champ, époque aussi où les seigneurs laïcs propriétaires d’églises paroissiales ou de prieurés avec les terres qui leur permettaient de vivre, commencent à faire don des biens religieux qu’ils possèdent, soit à des monastères soit à un évêque. Mais si ces seigneurs dans la majorité des cas le font dans la crainte du Jugement dernier et le salut de leur âme, dons de biens terrestres en contrepartie de biens spirituels, donatio pro anima (don pour le salut de l’âme), les nombreux procès et arbitrages entre seigneurs locaux et l’église sous entend d’autres problématiques soient de pouvoir soient économiques. Au 12ème siècle les prieurés ont une importance majeure et les donations à leur endroit prennent le pas sur celles faites à l’évêque et son chapitre. Les moines sont soucieux de défendre leur domaine foncier tout autant que seigneurial et doivent s’assurer de la rentrée des différentes coutumes et redevances dont la dîme, impôt sur les produits du sol, de l’élevage, bénéfices commerciaux, de toute propriété quelles soient celles des nobles, des roturiers, et même les biens personnels des ecclésiastiques, les sacrements. Elle était reversée à l’église pour l’entretien des bâtiments religieux, à fournir les moyens d’existence aux desservants ainsi qu’à l’action charitable envers les fidèles. Cependant les deux parties y trouvent leur intérêt, les fondations monastiques établissent la puissance des abbayes et contribue à structurer le réseau paroissial à la satisfaction de l’épiscopat.

 *(15) Sur le plan géographique les diocèses qui nous concernent sont au nombre de six qui sont : Le diocèse de Marseille ; le diocèse d’Aix-en-Pce, dont parmi les communes qui nous sont limitrophes sont : Besse, Bras, Brignoles, La Celle, Le Val, Châteauvert, Correns ; le diocèse de Fréjus, dont parmi les communes qui nous sont limitrophes sont :  Aups, Barjols, Salerne, Sillans, Villecroze, Vins, Entrecasteaux, Lorgues, Carcès, Cotignac, Montfort, Pontevès ; le diocèse de Riez ; le diocèse de Senez ; le diocèse de Toulon.

Dans son diocèse l’évêque exerce une autorité souveraine qui déborde largement les affaires religieuses. Il détient un pouvoir politique et économique analogue à celui d’un seigneur laïc. Souvent l’activité religieuse est à l’origine du développement d’une cité, d’autant plus si elle est épiscopale. La présence de l’évêque amène dans la ville une « clientèle » spécifique souvent très religieuse et les fêtes des Saints dont elle abrite les reliques attirent les pèlerins et les villageois des petites cités. On s’arrange toujours pour que les foires urbaines aient lieu le jour de la fête d’un saint local. La foule des fidèles constitue pour les marchands une clientèle potentielle du plus haut intérêt. On pourrait scinder la période s’étendant du 5ème au 9ème siècle en deux mondes : celui des villes tenues par les ecclésiastiques, riche, et celui des oppida, moins nanti. Des conflits d’intérêt survenaient souvent entre le seigneur laïc face au pouvoir grandissant de l’évêque. Charles Martel voyant le danger confisque les biens du clergé  qui passent dans la dépendance du Duc des Francs, puis des souverains carolingiens. Vers la fin du 9ème siècle les princes s’emparent des sanctuaires situés dans leur zone pour renforcer leur pouvoir. Certain de ces sites sont fortifiés tout au long du 10ème siècle et, face à l’enceinte antique et le château seigneurial se dresse le castrum monastique. A sa tête se trouvait alors un abbé, clerc séculier responsable du sanctuaire.

*(16) J.M.M nous apprend que « cette lignée apparaît au cours du 10ème siècle. L’ancêtre de cette filiation serait selon Jean-Pierre Poly, un juge Renard décédé en 965-966, qui possédait les terres de Chateaurenard et dont dépendait un vaste patrimoine aux alentours immédiats de Châteauvert, Paracol au Val, ainsi qu’à Correns ». On pense que ce fief aurait été donné à cette branche des Châteaurenard par Guillaume 1er dit Le Libérateur. Cette famille de la haute aristocratie provençale qui avait des biens dans le comté d’Avignon prit ainsi possession loin vers l’est, la haute vallée de l’Argens, et aura, vers 1002-1010 sa nécropole dans le prieuré de Correns.

*(17)  Source : Thierry Bianco. Guillaume souligne que cette source n’est pas sûre du tout, d’où un certain nombre des indications ci-dessous ne sont pas exactes ou pas fondées…

Walo de Châteaurenard vers 870. Il a un fils avec X, Renard de Châteaurenard né vers 900, profession Juge d’Arles. Renard de Châteaurenard aura un fils Lambert Dodon de Châteaurenard né vers 940. Lambert Dodon de Châteaurenard épousera Balda de Riez née vers 950. Ils auront 4 enfants : Beliedis de Châteaurenard qui épousera Adalelme d’Avignon ; Aldebert de Châteaurenard qui épousera Mathilde de Pontevès ; Renard (Renaud) de Châteaurenard, né vers 970, épousera Beliede Dame de Châteaurenard ; Vitmar de Châteaurenard, né vers 970. Auraient ’ils eu une autre fille du nom d’Aujarde ?

Adalelme serait donc le beau-frère d’Aldebert.

Balda, née vers 950, épouse Lambert Dodon.

Aldebert de Châteaurenard, né vers 970, décédé vers 1015. Fils de Balda, épousera Mathilde de Pontevès.

Renard de Châteaurenard épousera Beliede née vers 970.

Beliedis Dame de Châteaurenard, née vers 970, épousera Adalelme d’Avignon.

Vitmar de Châteaurenard, né vers 970.

Mathilde de Pontevès (née vers 990) : Fille d’Arbert d’Allons (né vers 960, décédé entre 1027 et 1029), et de Adalgarde de Moustier (née vers 960, décédée après 1038). Elle épousera Aldebert fils de Balda.

Arbert d’Allons de Salerne, né vers 960, décédé entre 1027 et 1029 : Tige des Pontevès, a six frères qui sont fils d’un nommé Jonas, possessionné à Salerne et Villecroze. Il épousera Adalgarde de Moustiers. Ils auront huit fils : Pons, Bertrand, Edebert, Foulques, Geoffroy, Augier, Albert, Hugues et au moins une fille connue Mathilde de Pontevès.

Adalgarde de Moustier, née vers 960, décédée après 1038. Fille d’Allons de Moustier et d’Aldegarde de Riez.

Aldegarde de Riez, née vers 930, décédée après 1011. Citée en 1004 et 1011. Veuve en 1004.

Balda : Fondation du monastère de Correns vers 1002. « Donation de Balda et ses fils Eldebert, Renouard et Vitmar et mon mari Lambert Dodon »

Adalgarde de Moustier : Donation en 1029 par Adalgarde et ses fils Pons, Bertrand, Aldebert, Foulques, Geoffroy, Augier, Arbert et Hugues.

En 1060, la position d’Aspremont au Val est mentionnée par Balda de Châteaurenard, plus tard par Renaud de Châteaurenard, enfin par Aujarde fille de Dodon. 

*(18) En 1960, Paul Lombard dans le journal Le Méridional avait émit l’hypothèse d’un    « souvenir patronymique d’un des premier seigneur féodaux de la commune » : Renouard de Châteaurenard, Castèu Renaud, Castéou Rignaou. Nous pouvons imaginer au milieu des amas de pierre du nom du seigneur qui aurait pu tenir Montfort, un oppidum celto-ligure ceinturant le sommet. Ces constructions archaïques faites de blocs de pierre amoncelées servaient de rempart aux populations gauloises vivant jadis sur le territoire de la commune… Ce poste de guet servit également lors de l’invasion romaine…,… Nous pouvons imaginer au milieu des amas de pierre, les fondations des constructions et des tours en bois, première forme de château que nous a légué l’occupation wisigothique, Renaud fut certainement son bâtisseur »… Pour la petite histoire, il est curieux de noter que les historiens comme les géographes ne sont pas arrivés à s’entendre sur l’orthographe ni sur l’étymologie de Castéou Rignaou. En effet, on l’écrit indifféremment Rignaou, Rinaou, RiniaouCastéou Rignaou viendrait de Châteaurenard du nom des premiers seigneurs de Montfort. En Provençal Renard se disant Reinard on voit peu de similitudes entre Reinard et Rignaou. On a également supposé Castéou Rougna, ce qui signifierait Château Rogne (usé, ruiné)…, une hypothèse en vaut une autre… J’ajouterai pour m’amuser lire plutôt Castèu-Arrouina, château en ruine…, ne servant plus alors que de carrière aux habitants qui n’ont pas du s’en priver en tant que matériel de construction pour leur propre compte…

Il est à noter qu’au nord des Spéluques est un lieu-dit appelé Christaou que l’on peut interpréter comme étant le Christ aut (le Christ haut). Il semblerait que ce soit en ce lieu que se trouvait le cimetière des moines et des habitants qui continueront à se faire inhumer dans ce quartier auprès de « Notre-Dame des Spéluques », (jusqu’au moment où sera bâtie hors les murs, au village une nouvelle église paroissiale dédiée à la Vierge avec Saint Blaise comme patron, et c’est donc vers 1600 qu’un nouveau cimetière sera créé au sud de l’abside, puis en 1910 le cimetière actuel au lieu dit Les Lombardes, où se trouve là une source pérenne, (ce qui oblige mes aïeux à boire une eau pure plutôt que du bon vin… et ce à perpétuité…, un vrai purgatoire !).

*( 19) Raimond, fils de Guillaume 1er de Cotignac, fils de Garcia de Rehza.

*(20) Lieux spécifiques dont il est difficile de dire avec certitude à quand remonte réellement l’origine de leur nom, mais ils donnent tout de même une idée sur leur fonction même si celle-ci a évoluée ou changée au cours des temps.

Lieux à caractère de défense

Les Spéluques (prieuré des moines Augustins), citadelle chargée des commandes du défilé de l’Argens + 5 autres lieux Camp-Fegou (tourné vers correns, Campe-denro, Castel l’amar(tourné vers cotignac), Camp-Senès (tourné vers cotignac), le Touret endroit en hauteur d’où l’on pouvait se faire des signaux, passer des messages de loin en loin.

Les biens de l’église

Le clos de l’église (loup rat de Clastro), La Bastide Blanche (la bastide Blace), Le Praz de Clastre, St Jean Baptiste, dans le quartier appelé les Saintes Vierges, un lot de terre dit de l’Ascension, Saint Isidore, Saint Joseph.

Remarque : Relation religieuse entre Montfort et Cotignac : Mr le chanoine Vincent, curé de N.D de Grâce a écrit : « Honneur à Montfort ! C’est l’unique paroisse restée fidèle à répondre au tendre appel de N.D de Grâce et à marcher sur les nobles traces des anciens… ». Après la révolution, chaque année, le lundi de Pentecôte, les fidèles sous la conduite de leur vénéré pasteur viennent en grand nombre accomplir leurs dévotions et chanter les louanges de N.D de Grâce.

Les chapelles

Eglise St Blaise (ancienne église paroissiale), Chapelle des Pénitents, chapelle de la Fuëby (1518), Les Stes Vierges, …de la Capelle).

Les oratoires

Saint Jean Baptiste (0 la sortie du village sur la route de Carcès), Saint Joseph (sur la vieille route après N.D des Spéluques) et un autre St Joseph (à la sortie de la rue de la Glacière), l’Ascension (en bordure de la rampe des Suies), Saint Isidore (au début du chemin qui conduit à Correns), Saint Blaise (au jeu de boules), Saint Clair (au chemin de la Fontaine Lombarde).

Lieux où il y avait de l’eau

La fouant de Luire, La fouant Petite, La fouant Vieille, L’Iscle, Les Gravières, Les Lones, La Grone, Les Prat nàv,  Les Paluds, L’Aréna, Les Praderies, Le Gravat, la Lombarde.

L’acqueduc gallo-romain traversait l’Argens pour aller arroser les terres du seigneur de Montfort ô belle source de Saint Martin malgré dieu et le destin tu viendras arroser mon jardin

Lieux où il y avait des habitations

Les Bastides, Les Bastidettes, les ères des Bastides, La Capelle

Les collines

La Baume, le Claus, le Clon, les Fautrières, Les caniers, Cannebière, Le Roucas de Colorgue, les Suys, la Clapouire.

Les ponts sur l’Argens

Ils sont au nombre de trois : Pouant-fra, pouant-fraché, pouant-rout

Lieux dits

A1 Quartier des Canebières

Peïcabrier : Chemin des chèvres.

Le Suy : Réservoir naturel. Voir lieu où l’on jette les eaux usées.

Les Canebières : Lieu où il y avait des cannes, des bambous. Lieu où l’on fabriquait des cordes avec du chanvre.

Font-Petite : Petite source, voir source qui se tarie.

Robernier…….

Le Roucas de Calorgues : Les roches de…

Les Feutrières : Endroit où l’on peut fouler les blés. Lieu où se trouvait une herbe haute avec laquelle on confectionnait les chapeaux de paille.

A2 des Vallons de Martin

Les Süy : Réservoir naturel…, Voir eaux stagnantes, nauséabondes.

Les Clapouires : Tas de pierres de petites dimensions.

Les Platus d’Ovumelle : Les plateaux, les restanques… 

Les Roubaudes : Lieu où il y avait des figues.

Le Deffends : Passage défendu. Terrain municipal où il est interdit de faire paître les moutons.

Les Pradariés : Les prairies.

La Colle : Colline non cultivée.

La Grone :

Le Claou des Pins : Propriété enclavée où l’on mettait les ruches.

La Fuèbi :

Les Vallons de Martin…….

Les Fonds-Vieilles : Les vieilles fontaines.

Le Clon :

St Isidore…….

La Gipière : Endroit où il avait du sable assez compact pour faire des briques.

Le Claou : Le Clos (fermé par un muret).

Camp Fégou : Champ fertile, camp militaire.

Les Gravières : Carrière de graviers.

A3 Robernier

Robernier…….

Les Saintes Vierges…….

Vespi : Lieu où il y a des guêpes.

Clos d’Ayaou : Le clos d’…….

Les Feutrières : Lieu où l’on peut fouler les blés. Endroit où l’on peut fouler les blés. Lieu où se trouvait une herbe haute avec laquelle on confectionnait les chapeaux de paille (Raphia, paille de seigle ?)

Roussin : Lieu où l’on mettait les vieux chevaux. Lieu où l’on mettait les chevaux que l’on montait pour faire la guerre.

Les Serres : Collines avec des crêtes en dos d’âne ou dentellées. Crêtes de collines ou de montagnes allongées.

La Baume : La grotte. Abri sous roche.

Les Caniers : Lieu où il y avait des bambous, des roseaux. Lieu où l’on cultivait les roseaux.

Castéou-Rignaou : Château… (renard) ? (Famille des Châteaurenard ?)

Le Christaou : Le cristal. Où plutôt suivre l’interprétation des anciens qui disaient Le Christ aut…, « nous allons au Paradis ». C’était peut-être le lieu du cimetière du couvent des moines des Spéluques.

Belle-Vue…….

Saint-Joseph…….

Les Brouadettes : Lieu où il y avait des gelées blanches. Lieu froid. (Brouardette : Buissons)

Proun Faché : Végétation touffue, assez basse, garigue. Probablement un pont qui enjambait l’Argens.

La Font de Louire : La fontaine de …

Les Saintes Vierges…….

Le Plan : Plaine, pays plat.

B Castel l’amar et du Plan

Castel lamar : Château d’amour, ou plus prosaïquement et plus vraisemblable lieu amer, difficile à vivre.

Le plan : Plaine, pays plat.

Sarragäy : Endroit fermé, avenant et joyeux ?

Grignouret : Lieu où l’on jette les résidus du broyage des olives ou du raisin ??

Joube :

Les Plaines…….

Barraré : Barrière

Claoul de l’Eglise : Endroit fermé autour de l’église.

C1 des Quartiers

Le moulin…….

La chapelle…….

Les arcs neufs…….

Les Quartiers…….

Le Grand Caire de Senès : Lieu où l’on pratiquait la taille des pierres, situé sur la rive gauche de l’Argens. 

La Grande Palud : Lieu à alluvion avec limon, cultivable et fertile. Marais, marécageux.

Les Petits Caire de Senès : Lieu où l’on pratiquait la taille des pierres situé sur la rive gauche de l’Argens. 

C2 de Lapalud et Clos Gérin

Les Spéluques : Endroit propice à la circulation du vent qui permettait d’ensemencer les graines… Lire plutôt « Les grottes », vaste cavité à large entrée.

Le Plantier : Lieu où l’on plante.

Les Bastides : Grosses fermes

Le Cadéton : Petits Cades ???

Les Ollières : Terrain argileux, humide qui colle aux godillots. Olières : souvenir de fabrication de poteries médiévales.

Péloquin :

Campé d’Enroch : Champ pierreux. Camp militaire.

La Vanade : Bercail, Bergerie

Clos de Gérin : Endroit fermé par un muret = Clos de Gérin

Le Touret : Endroit en hauteur d’où l’on pouvait se faire des signaux, passer des messages de loin en loin.

 La Vigne des Campus…..

Mourrefrei : Endroit herbeux en bordure de rivière, voir endroit froid, voir mufle froid

Le Bousquet : Tailli où le gibier va se protéger.

Vernière : Lieu planté d’aunes (un arbre qui pousse au bord de l’eau)

Les Prés Neufs…….

La Grande Palud : Lieu à alluvions avec limon, cultivable et fertile.

La Petite Palud : Lieu à alluvions avec limon, cultivable et fertile.

L’Iscle : Ilot, île…

Le Gravat : La grève. Lieu pierreux, endroit où l’on trouvait des matériaux pierreux pour la construction.

Les Muscatelles : Lieu où l’on cultivait le cépage de muscat

Les Lones : Lieu éloigné du village.

Le village

Le Château…….

Le Moulin…….

Les Ferrages : Rue à vocation artisanale. Ferronniers, dépôt de ferraille.

Le Pigeonnier…….

Le Pré de Clastre : Enclave attenante à un jardin à vocation religieuse.

Saint-Jean-Baptiste…….

Les lombardes : Il y avait une source au lieu-dit « Les Lombardes », qui est maintenant le lieu où se trouve le cimetière actuel créé en 1910. L’ancien cimetière était situé derrière l’église.

A Le Val : Paracol : Se parer, se défendre, sur une hauteur.

Palière : Lieu où l’on stocke la paille.

Clapières : Tas de pierre, lieu de pierre.

Ruou : Ru, petit ruisseau.

Roun faché : Peut-être issu de Roumier (roncier)

Barrare : Barre rocheuse, falaise.

 

Glossaire

 

Céramiques Campaniennes : Céramiques à vernis noir produites en Méditerranée occidentale à l’époque hellinistique entre la fin du Ive siècle av J.C et le dernier quart du 1er siècle av J.C.

Dolia : Jarres de stockage en terre cuite de grande contenance. Ive siècle av J.C, IIIe siècle apr J.C.

Dolium : Jarre d’une contenance allant jusqu’à plus de 3000 litres, qui servait de citerne à eau, au transport de vin, d’huile ou de céréales pour le commerce en gros.

Droit d’Albergue : Droit prévu dans les actes de donation fait par un seigneur qui oblige le bénéficiaire, vassal, écuyer, gens d’armes, congrégations religieuses et tout sujet à lui offrir le gîte et le couvert quand il passe dans le fief.

Imbrice : Tuile creuse semi cylindrique.

Locus : Lieu, endroit, siège…

Sigillée : Engobe composée uniquement des plus fines particules de l’argile qui vont se vitrifier à la cuisson. Céramique fine destinée au service de table caractéristique de l’Antiquité romaine. Elle se caractérise par un vernis rouge grésé.

Tegulae : Tuiles gallo-romaines plates.

Tumulus : Eminence artificielle recouvrant une sépulture.

 

 

 

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